Cette journée fut pleine en émotions pour tout le monde, mais Martha et Castle étaient de loin ceux ayant ressenti le plus d’entre elles. Le monde de Kate s’était cependant effondré lorsqu’elle avait entendu l’explosion et vu la banque réduite en cendres. Voir les décombres restants de l’explosion avec Castle et Martha restant à l’intérieur devait être l’une des pires visions de sa vie. La jeune femme s’était alors empressée de pénétrer à l’intérieur de la banque et avait hurlé à plusieurs reprises le nom de son partenaire. La peur et la peine qu’elle ressentait pouvaient se faire entendre à travers les deux syllabes qu’elle prononçait. Lorsqu’elle avait entendu la voix de Castle en retour, un poids immense s’était soulevé de sa poitrine. Il était toujours là, il était toujours vivant. « Ils sont là » avait-elle crié, prévenant les renforts qui l’accompagnaient. Et, sans plus attendre, elle s’était dirigée vers lui, défaisant les liens qui liaient ses deux mains, et avait placé une des siennes au niveau du col de l’écrivain, ne le lâchant jamais du regard. Elle n’eut pas de réponse de sa part lorsqu’elle lui demanda s’il allait bien, du moins pas venant de sa bouche, mais ses yeux lui disaient tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Comme bien souvent, elle se perdit dans son regard. Et si Martha n’avait pas interrompu leur moment, elle serait certainement encore perdue dans ses yeux couleur océan à l’heure actuelle. Mais Martha en avait décidé autrement – après tout, elle aussi avait le droit de récupérer l’usage de ses mains. Cela n’empêcha pas les deux partenaires de ressentir une certaine frustration vis-à-vis de ce moment.

 

Inviter Kate à dîner était la meilleure des choses après une journée pareille. Passer du temps à ses côtés après avoir frôlé la mort était le seul moyen de se réconforter. Partager des moments privilégiés aux côtés de sa partenaire, même si elle n’était pas encore prête, lui suffisait. Kate les conduit jusqu’au loft où Martha les accueillit tels des rois, le festin inclus. Une soirée calme et reposante était tout ce dont elle avait besoin après avoir eu la peur de perdre Castle. Vers la fin de la soirée, Alexis les avait laissés pour aller réviser, et Martha était sortie avec des amis, laissant les partenaires en tête à tête. Le moment que tous les deux attendaient depuis le début de la soirée. Castle terminait de mettre les couverts dans le lave-vaisselle tandis que Kate savourait le café qu’il lui avait préparé.

 

-« Je sais qu’il est déjà tard mais vous ne voulez pas vous balader un peu dans le quartier ? Je sais qu’il y a un parc non trop loin d’ici ; proposa la brunette.

-Avec plaisir. Laissez-moi aller prendre mon manteau et je suis tout à vous. »

 

Il pesta, les mots lui avaient échappés. Cela n’avait pas l’air de déranger sa partenaire qui esquissa un sourire. La brunette termina son café avant de se diriger vers la porte d’entrée et prendre sa veste. Castle arriva derrière pour l’aider à l’enfiler. Ils quittèrent le loft pour affronter la brise automnale, et Kate regretta peut-être de n’avoir qu’une veste et l’absence de ses gants. Il existait une solution facile pour garder ses mains bien au chaud, mais elle doutait que Castle ne franchisse ce pas. Pas quand il savait qu’elle avait besoin de temps. Mais des petits rapprochements comme celui-ci ne seraient jamais de refus.

 

-« C’était une sacrée journée ; dit Castle après un long silence.

-En effet, surtout pour vous.

-Ça n’a pas dû être facile de devoir gérer tout ça de l’extérieur. Alexis m’a dit qu’elle n’avait pas été des plus agréables avec vous aujourd’hui.

-Elle avait peur, je ne lui en veux pas. Je l’étais aussi. Beaucoup de vies étaient en jeu, et… j’ai failli vous coûter la vôtre.

-Vous avez fait ce qui fallait, Kate. Vous nous avez tous sauvés. Même si, comme je vous l’ai dit, j’ai sauvé votre vie plus de fois que vous n’avez sauvé la mienne. »

 

Kate ne put s’empêcher de rire à ces derniers mots. Evidemment qu’il allait le répéter après l’avoir dit durant le dîner. Les deux partenaires continuèrent de marcher. Kate continua de penser à la conversation qu’ils avaient entamé, et au sérieux qu’elle représentait. Elle voulait que ça le reste et être honnête avec elle-même, avec son partenaire. Elle s’arrêta de parler et laissa les mots s’échapper.

 

-« C’est le cas, vous savez ? »

 

Castle s’arrêta de marcher à son tour et se retourna pour la regarder. Ils étaient à quelques pas l’un de l’autre.

 

-« Quoi donc ?

-J’ai besoin de vous. »

 

Elle prononça ces mots tout en le regardant droit dans les yeux. La peur de cet après-midi avait laissé place au courage de ce soir. Elle fit écho aux mots qu’il avait prononcé ce matin lors de leur appel, avant que tout ne s’enchaîne. « Dites-moi que vous avez besoin de moi » avait-il dit, sans même sous-entendre quoique ce soit – ou peut-être un petit peu. Elle venait de lui avouer que c’était le cas.

 

-« Je sais que je peux parfois vous sauver la vie et que mes théories…

-Pas seulement pour le travail, Castle ; s’empressa-t-elle d’ajouter. Beckett a besoin de vous… mais Kate encore plus. »

 

Leurs deux cœurs battaient la chamade après ce dernier aveu. Castle marcha vers sa partenaire pour mettre fin aux quelques mètres qui les séparaient.

 

-« Et bien, dans ce cas je me dois de dire à Beckett et Kate qu’elles n’ont pas à s’en faire, parce que je ne vais nulle part. »

 

Castle lui offrit le plus sincère et réconfortant des sourires. Kate aurait juré pouvoir sauter le pas et l’embrasser, un simple et tendre baiser pour lui montrer à quel point ses mots étaient sincères. Pas ce soir, pas encore. La jeune femme enroula son bras autour de celui de Castle et ils continuèrent de marcher dans le parc.

 

-« Vous avez froid ; dit Castle, sentant parfois son corps trembler. Vous voulez mon manteau ?

-Castle vous ne portez qu’une chemise en dessous, vous allez attraper froid. Je ne veux pas que vous soyez malade. Je ne dirai pas non à ce que mes mains se réchauffent un peu par contre. »

 

Castle ignorait si c’était une perche qu’elle lui tendait, mais il n’allait certainement pas la laisser filer. Cette fois, ce fut à son tour de s’arrêter de marcher. Kate suivit le pas et s’arrêta. Sans réfléchir plus longtemps, il prit délicatement les mains de Kate dans les siennes et remuer légèrement son pouce.

 

-« C’est mieux comme ça ?

-Oui. Beaucoup mieux. »

 

Ils ne pouvaient malheureusement pas marcher en se tenant les deux mains, alors Castle la lâcha. Mais Kate s’assura qu’il ne lâche qu’une seule des deux mains. Au contraire, il la lui serra. Kate sourit tout le long du trajet. Les choses changeaient, elles avançaient. Kate était en chemin de devenir celle qu’elle voulait être, et Castle était là, juste à ses côtés.

Petits prompts, chapitre 120.
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